Book de sidiki-traoreSidiki Traoré : Intro


 

Sidiki Traoré est un up-recycleur, un créateur, un touche-à-tout malien avec une ouverture maximale sur le monde. Il est designer, né en 1965 à Bamako, au Mali.

 

Depuis 1985, cet artiste autodidacte exhume des formes, des signes, des objets de sa culture malienne, africaine et européenne…. Dans son œuvre, souvent insolente, l’artiste s’offre le droit de créer avec tous les matériaux qu’il souhaite, sans limite.

Il pioche partout et tout le temps, des bouts d’objets, des bouts d’étoffes, des plumes, des traces … il en protège l’âme, les détourne, les associe, les métisse et crée.  Il part d’un principe simple quand on est artiste malien, on fait avec ce qu’on a…  des ruines d’objets, de la poussière et des cendres…  pour construire, avec et sur ces débris, le monde de demain. Avec ces rebuts, il crée des tableaux, des lampes, des chaises … des créations originales, avec des lignes et des courbes d’aujourd’hui.

 Il dénonce, indirectement, cette production de masse, locale et étrangère, qui veut nous écraser… nous tous …

Il s’entoure de menuisiers,  ferronniers,  forgerons, artisans qui vont l’accompagner dans la réalisation des prototypes qu’il a imaginé. Il fait de l’art avec tout sans privilégier un matériau, une forme d’expression car pour Sidiki, l’artiste malien, la noblesse est partout et en tout, il suffit de regarder, d’ouvrir ses oreilles et de sentir avec son cœur ! Et noblement, il rappelle que les déchets des uns sont les nourritures des autres … 

Fauteuils en fil de nylon tissé : Traoré remet l’art de tisser et de tresser au goût du jour. Il revisite les techniques artisanales locales  et traditionnelles avec des matériaux divers : fil de nylon, fil de plastiques recyclés…  Il  bouscule les codes de la forme ou de la couleur, fait tresser des chaises où les rêves de chacun peuvent se cacher … Ses chaises sont joyeuses, légères et bigarrées avec des silhouettes tout en rondeur et des assises confortables... Elles ne cessent de faire des adeptes à Bamako.

Lampes-sculptures : Sidiki Traoré utilise toutes sortes d’objets recyclés dans ses œuvres, chaines, amortisseur, réservoirs,  tubes galvanisés, pédales, cardans, pions changement de vitesse , cage à oiseaux voire couvercles de fûts de pétrole ….  Il fait avec ce qu’il a sous la main, des sculptures protéiformes à partir des ces bout d’objets incongrus collectés sur le sol urbain ou chez les ferrailleurs.

Il est en prise direct avec le réel.

Ces morceaux sont autant choisis pour leur qualité formelle, leurs couleurs, leurs qualités plastiques que leur force symbolique. 

Tableaux : il peint de l’étoffe malienne … 

Sidiki, beau dessinateur, ne s’est jamais approprié la peinture occidentale … elle fait partie d’un ordre qui n’est pas le sien, même s’il l’admire… profondément. Il peint sur du coton tissé avec du galaman, teintures naturelles faites à base d’écorces, d’argiles décomposées…

Il pose sur ces toiles des objets à haute portée symbolique intégrant directement des objets réels dans ses oeuvres comme cette queue de mouton, le sceptre du chef du village Bamabara. Il stylise ses personnages qui évoquent la vie quotidienne malienne, son énergie et ses difficultés. Traoré vit à Bamako, « une ville-galerie à ciel ouvert alors que Lyon ou Paris sont des cités-musée », sa ville où l’art et la vie sont fortement enchevêtrés.

Parti à Paris à 20 ans, sans éducation particulière, il rentre au Mali, frustré, manu-militari, quatre ans plus tard. Pour sortir de  cette frustration, il part dans la ville de son père, à San, la ville du Bogolan et apprend de ses mères cet artisanat traditionnel : la peinture sur étoffe avec des teintures naturelles. Cette activité artistique le nourrit depuis, il expose, il produit, il voyage …

Il retourne en France dans les années 90 et y vit une dizaine d’année et profite de cet environnement pour asseoir ses talents artistiques et se faire connaître par des milieux artistiques locaux.

Il travaillera deux fois à l’Opéra de Lyon qu’il recouvre de ses bogolans.

Il se réinstalle à la fin des années 2010 à Bamako, devient un temps professeur-associé à l’Institut National des Art, poste qu’il finit par abandonner pour ouvrir sa propre galerie. Sa galerie, il la veut comme son art, sans contraintes, sans formalisme. Il pose ses chaises, ses lampes, ses toiles dans la rue et la cour de la concession de sa grande famille. Cet espace  reste ouvert … car il veut avant tout que l’art reste dans la rue … pour être accessible à tous …

Traoré est un artiste, un artiste politique, il vous ouvre ses portes sur son réel … regardez ses œuvres et vous allez rêver, rêver d’un monde meilleur… 

 

Sidiki Traoré was born in 1965 in Bamako, Mali. 

Since 1985, this self-taught artist unearths forms , signs, objects of his Malian, African and European culture. In his work , often insolent , the artist gives himself the right to create with all kind of materials without limit.

 

As a Malian artist, he starts from a simple principle : “we produce with what we have on hand" and denounces the mass production system. Sidiki Traoré is an up-recycler, a creator, a Malian jack-of-all, with a broad openness to the world. He collaborates with carpenters, metalworkers, blacksmiths, craftsmen who help him realizing the prototypes he had imagined

He draws from everywhere all the time, bits of objects, tissue, fluff, feathers, footprints... he safeguards their souls, diverts them, associates them, blends them to create.  He starts from a principle simple for a Malian artist : one makes do with what one has...broken bits of artifacts, dust, and ash...to build with and on this debris the world of tomorrow.

 

He transforms without bias all kinds of materials into art because for Sidiki, the Malian artist, virtue is everwhere and in everything.  One merely has to look, to open one's eyes, and feel from the heart.  Sidiki Traoré is a Malian artist...and he honorably reminds us that one man's refuse is another man's sustenance.

 

Armchairs of woven nylon: Traoré updates the art of weaving and braiding for today's tastes.  He revisits local and traditional craftsmanship with an array of materials: nylon, threads from recycled plastic.... He upends codes of form and color to weave chairs where the dreams of each can find refuge.  Joyous,  light, and eclectic, these comfortable chairs with their rounded silhouettes are winning over new fans across Bamako.

 

Lamp-sculptures:  Sidiki Traoré uses all kinds of recycled objects in his work: chains, shock absorbers, gas tanks, galvanized tubes, foot pedals, drive shafts, gear-shift levers, birdcages, covers from oil drums…  He makes do with what he has at hand to create versatile sculptures from incongruous collections of objects taken off the urban landscape or from metalworkers.  He is plugged directly into the genuine.

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Poetry is also ever-present as in this cage-lamp available in two versions.  Protected by a veil, when the bird sleeps, we see only its shadow and the bars of its cage.  The veil lifts to reveal the bronze figure of a hogon*  wiseman set within a pedestal made of bolts in a satiric poke at the modern world.  A Dogon sculptor made the bird and the cage door..

 

Paintings : He paints with the fabric of Mali...

Sidiki, a fine illustrator, has never appropriated Western traditions of painting which come from an order that is not his own, however much he deeply admires them.  He paints on cotton fabric with n'galaman, natural dyes made from bark and wet clay. The stylized figures evoke the energy and the challenges of daily life in Mali, attempting to rebuild off its ruins.

 

Traoré lives in Bamako, “an open-sky gallery of a town where Lyon or Paris are city-museums”; his town where art and life are inextricably entangled.  Sidiki Traoré left Mali at the age of 20 without any particular education to visit Paris, he returned frustrated, expelled from the country, four years later.  To escape his frustration, he left for the town of his father, to San, the village of Bogolan dyed cloth, to learn from his mothers this traditional craft: painting on cloth with natural dyes.  This artistic endeavor has nourished him since: he displays, produces, travels.

 

He returned to France during the 1990's and lived there for a dozen years and became known within the artistic community.  He went on to work twice at the Opéra de Lyon which he decorated with his bogolan tapestries.

 

He settled back in Bamako at the end of 2010, became for a period an associate professor at the Institut National des Arts, a post he eventually abandoned to open his own gallery.  He set up his gallery as with his art : without constraints, without formality.  He sets his chairs, lampes, and canvasses along the street and in the courtyard of his extended family's compound.  This space remains wide open for he wants above all for art to remain in the street, to be accessible to all.

 

Traoré is an artist, but a politically engaged artist.  He opens his doors for you to enter his authentic vision...to view his work is to dream of a better world and perchance to leave inspired to make it so... !

 



[1]          A hogon is a religious figure as well as a temporal authority of a Dogon village, most of which are situated around the Bandiagara Escarpment in central Mali.